même réponse : le monde est quelque chose d’infini
et d’incompréhensible. La vie humaine est une
partie de cet incompréhensible tout.
De nouveau je laisse de côté tous ces accommodements
entre les sciences spéculatives et les
sciences expérimentales, qui forment le bagage des
demi-sciences, qu’on nomme juridiques, politiques
et historiques. Dans ces sciences également, on introduit
à tort les concepts de développement, de
perfectionnement, avec cette différence que, dans
les sciences spéculatives, le développement, c’est le
développement du tout, tandis que, dans les demi-sciences,
c’est seulement le développement de la
vie humaine. L’irrégularité est la même : le développement,
la perfection dans l’infini, ne peut avoir
ni but ni direction et ne répond à rien. Là où les
sciences spéculatives sont précises, dans la vraie
philosophie — non dans celle que Schopenhauer
appelle la philosophie professorale, laquelle ne
sert qu’à classer tous les phénomènes existants en
de nouvelles cases philosophiques en leur donnant
des noms nouveaux, — quand le philosophe ne
perd pas de vue la question essentielle, la réponse
est toujours la même, réponse donnée par Socrate,
Schopenhauer, Salomon et Bouddha.
« Nous ne nous rapprochons de la vérité qu’autant que nous nous éloignons de la vie », dit Socrate, se préparant à mourir.
« Pourquoi nous, qui aimons la vérité, aspirons-