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de l’humanité, et chacune le fait à sa manière.

Mais, de même que dans le domaine des sciences expérimentales, l’homme qui se demande sincèrement : « Comment dois-je vivre ? » ne peut se contenter de la réponse : « Étudie dans l’espace infini les changements infinis d’après le temps, et la complication des parties infinies, et alors tu comprendras ta vie », de même, l’homme sincère ne peut pas être satisfait de la réponse : « Étudie la vie de toute l’humanité, dont nous ne pouvons connaître ni le commencement ni la fin, et dont nous ne connaissons qu’une infime partie, et alors tu comprendras ta vie. »

Comme dans le domaine des sciences expérimentales, ces demi-sciences sont d’autant plus entachées d’obscurité, d’inexactitude, de stupidité, de contradiction, qu’elles s’écartent de leurs propres questions.

Le problème d’une science expérimentale est une conséquence naturelle de phénomènes matériels. Que la science expérimentale y introduise la question de la cause finale, il n’en résulte que du galimatias.

Le problème d’une science spéculative consiste à comprendre l’essence de la vie, indépendamment des causes. Que la science spéculative y introduise l’examen des phénomènes sociaux et historiques, il n’y aura plus qu’absurdité.

La science expérimentale ne donne une connais-