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un article sur l’ascétisme de Tolstoï, qu’il dit être arrivé au point de ne pas dormir dans un lit, mais la tête appuyée sur une borne et le corps soutenu par des courroies. En France, à propos de cette œuvre, parut dans la Nouvelle Revue un remarquable article portant comme titre : Un pessimiste russe.

Comme tous les ouvrages de Tolstoï interdits par la censure russe, Les Confessions furent copiées, lithographiées et répandues de cette manière dans la société instruite, en Russie. Un manuscrit envoyé à l’étranger fut traduit dans toutes les langues européennes.

Cette œuvre produisit une grande impression sur tout le monde civilisé et partagea les admirateurs de Tolstoï en deux camps : dans l’un on regrettait que Tolstoï eût abandonné la littérature pure, dans l’autre on suivait Tolstoï dans ses recherches religieuses.

Tourgueniev, par exemple, qui admirait le génie artistique de Tolstoï mais ne partageait pas ses convictions religieuses, ayant eu connaissance de la nouvelle direction prise par le grand écrivain, et de sa nouvelle œuvre, écrivit à son ami Pollonsky : « Quant à l’œuvre de Tolstoï, publiée à Stuttgard, j’en entends parler pour la première fois… Je plains beaucoup Tolstoï… Mais d’ailleurs, comme disent les Français, chacun tue ses puces à sa manière. »

Enfin Tourgueniev a lu l’ouvrage, et il écrit à Grigorovitch :

« J’ai reçu ces jours-ci, par une charmante dame de Moscou, Les Confessions de Tolstoï, que la censure a interdites. C’est une œuvre remarquable par la sincérité, la vérité ; elle force la conviction, mais elle est entièrement basée sur des idées fausses, et à la fin des fins, aboutit à la négation la plus sombre de toute vie vraiment humaine. C’est aussi en son genre du nihi-