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déployée. Il s’approche et demande : « Pourquoi ris-tu ? » Mais il voit que ce n’est plus le chef des Baschkirs, c’est le marchand qui vint chez lui autrefois et lui parla de la terre. Aussitôt, il demande au marchand s’il est ici depuis longtemps ? Mais ce n’est déjà plus le marchand ; c’est ce même paysan qui vint le voir. Et Pakhom s’aperçoit que ce n’est déjà plus le paysan, mais le diable lui-même, avec ses cornes et ses pieds fourchus, qui se tord de rire en regardant quelque chose. « Qu’est-ce qu’il regarde ? Pourquoi rit-il ? » pense Pakhom. Il s’approche pour regarder, et il aperçoit un homme couché pieds nus, en chemise et en caleçon, le visage en l’air, blanc comme un linceul. Alors Pakhom regarde plus fixement cet homme, et il voit que c’est lui-même, qu’il est mort.

Pakhom se réveille de peur. Il se réveille et pense : « On fait tant de rêves ! » Il se retourne et voit qu’il fait déjà clair. « Il faut éveiller les autres et partir », pense-t-il.

Pakhom se leva et réveilla son domestique qui dormait dans la voiture, lui ordonna d’atteler et alla réveiller les Baschkirs.

Ceux-ci se levèrent, s’assemblèrent. Le chef vint aussi. Ils se mirent à boire du koumiss. Ils offrirent du thé à Pakhom. Mais Pakhom craignait de s’attarder :

— Puisqu’il faut partir, partons ; il est temps, dit-il.