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mage. Les hommes ne font que boire du koumiss, du thé, manger du mouton et jouer de la flûte. Tous sont gras, luisants, gais, et en fête tout l’été. Ce peuple est tout à fait ignorant ; il ne connaît pas le russe, mais il est très affable.

Quand ils aperçurent Pakhom, les Baschkirs sortirent de leurs tentes et l’entourèrent. Ils avaient parmi eux un interprète.

Pakhom leur apprit qu’il venait pour avoir de la terre. Les Baschkirs l’accueillirent avec empressement, et le firent entrer dans une jolie tente. Ils l’installèrent sur des tapis, étendirent sur lui des coussins de plume, et lui offrirent du thé et du koumiss. On tua un mouton et on lui donna à manger.

Pakhom prit les cadeaux qui étaient dans sa voiture et les distribua aux Baschkirs ; il leur partagea le thé. Les Baschkirs montrèrent une grande joie. Longtemps ils baragouinèrent entre eux, puis ordonnèrent à l’interprète de traduire.

— On m’ordonne de te dire qu’ils t’ont pris en affection, dit l’interprète ; que nous avons coutume de traiter nos hôtes de notre mieux et de rendre cadeaux pour cadeaux. Tu nous as offert des présents, dis-nous ce qui te plaît, nous te le donnerons en échange.

— C’est votre terre qui me plaît, surtout, répondit Pakhom. Chez nous nous sommes à l’étroit, la terre manque et elle est épuisée ; tandis que chez vous,