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riva d’envoyer paître exprès sur sa terre. Une nuit, quelqu’un vint dans le petit bois et coupa une dizaine de tilleuls pour faire des tilles. Comme il traversait le bois, Pakhom aperçoit quelque chose de blanc. Il s’approche, et voit sur le sol des tilleuls écorcés ; il ne restait plus en terre que les souches. S’il n’avait abattu que les arbres de la lisière, s’il en avait au moins épargné un seul ! Mais le scélérat avait tout coupé. Pakhom était outré. « Ah ! si je savais qui a fait le coup, je me vengerais ! » pense-t-il. Il cherche, il cherche à qui s’en prendre : « Ce ne peut être que Simon », pense-t-il. Il va voir dans la cour de Simon mais ne trouve rien. Il se dispute avec Simon, et se persuade encore plus que c’est lui le coupable. Il envoie une dénonciation. On les appelle devant le tribunal. On juge, on juge, et le paysan est acquitté faute de preuves.

L’irritation de Pakhom s’en accrut. Il injuria l’ancien du village et le juge.

— Vous autres, vous soutenez les voleurs, leur dit-il. Si vous faisiez votre devoir, vous n’acquitteriez pas les voleurs.

Pakhom se fâcha et avec les juges et avec les voisins. On finit par le menacer d’incendie. Pakhom pouvait alors vivre sur sa terre largement, mais mal vu des paysans, il se sentait à l’étroit dans la commune.

La rumeur se répandit d’une émigration vers