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sages cherchèrent, cherchèrent, consultèrent les livres et ne trouvèrent rien.

Ils vinrent trouver le tzar et lui dirent : « Nous ne pouvons vous donner la réponse. Nos livres ne disent rien sur ce point. Il faut demander aux paysans si parmi les vieillards quelqu’un n’aurait point ouï dire où et quand un pareil grain avait poussé. »

Le tzar envoya chercher le plus ancien des vieux paysans. On découvrit un vieillard qu’on amena devant le tzar. Le vieillard entra ; il était tout cassé, édenté, et marchait péniblement sur deux béquilles. Le tzar lui montra le grain. Mais le vieillard n’avait plus de bons yeux ; ce fut moitié tâtant, moitié regardant, qu’il put l’examiner.

Et le tzar l’interrogea :

— Dis-moi, grand’père, ne saurais-tu pas d’où peut provenir un pareil grain ? N’en aurais-tu point semé toi-même de semblables dans tes champs, ou acheté de pareils quelque part ?

Le vieux était sourd. Il entendait et comprenait à peine ; cependant il répondit : — Non, je n’ai jamais semé, ni moissonné, ni acheté un pareil seigle. Le grain que j’achetais n’était pas plus gros que celui d’aujourd’hui… Mais il faudrait interroger mon père, ajouta-t-il ; peut-être a-t-il ouï dire où un pareil grain a pu germer.

Le tzar envoya chercher le père du vieillard.

On l’amena devant le tzar. C’était un très vieil