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— Pas encore, lui disait-on. Il bavarde toujours. Le vieux diable resta encore un jour sur le sommet de la tour. Il s’affaiblissait. Une fois il vacilla sur ses jambes et se heurta la tête contre le pilier. Un imbécile s’en aperçut et le raconta à la femme d’Ivan. Celle-ci courut trouver son mari qui travaillait dans les champs.

— Viens voir, dit-elle. On dit que le monsieur a commencé à travailler avec sa tête.

Ivan s’étonna :

— Vraiment ! fit-il.

Il fit tourner son cheval, s’approcha de la tour. Le vieux diable, complètement épuisé, vacillait sur ses jambes et se cognait la tête contre le pilier. Juste comme Ivan arrivait, le diable chancela, tomba sur l’échelle, et dégringola en heurtant du front tous les barreaux l’un après l’autre.

— Oh ! oh ! fit Ivan. Il disait donc vrai, le beau monsieur ; il arrive que la tête en craque ! Ce n’est pas comme les callosités, à ce travail-là on risque d’attraper des bosses à la tête.

Le vieux diable tomba, la tête enfoncée dans le sol. Ivan voulut s’approcher pour voir s’il avait fait beaucoup d’ouvrage, mais soudain, la terre s’entr’ouvrit et le vieux diable disparut dans ses profondeurs.

Il ne resta qu’un trou.

Ivan se gratta la tête.

— Eh ! la sale bête ! dit-il. C’est encore lui ! Ce