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Personne ne vint travailler. Personne ne lui apporta rien.

Parfois seulement un gamin ou une fillette venaient échanger un œuf contre une pièce d’or. C’était tout, et rien d’autre à manger.

Le monsieur cossu eut faim. Il s’en alla dans le village, pour acheter de quoi manger. Il entra dans une cour, offrit une pièce d’or pour une poule ; la femme refusa la pièce : « J’en ai assez comme cela », dit-elle.

Il partit chez une autre femme, qui n’avait pas d’enfants, et, pour un hareng, lui offrit encore une pièce d’or.

— « Qu’en ferais-je, mon bon ? dit-elle. Je n’ai pas d’enfant ; personne pour jouer avec. J’ai déjà pris trois de ces petits objets d’or, par curiosité.

De là, il se rendit chez un paysan pour avoir du pain. L’homme refusa également la pièce d’or : — « Pas besoin, dit-il. Si tu veux quelque chose, au nom du Christ, c’est différent. Alors, attends, je vais dire à ma femme de te couper un morceau. »

Le diable se mit à cracher et se sauva à toutes jambes.

On lui offrait quelque chose au nom du Christ, alors que ce nom seul était pour lui pire qu’un coup de couteau.

Ainsi il ne put pas trouver de pain. Partout où allait le vieux diable, on refusait de lui donner quelque chose en échange de son argent, et on lui