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tous les maux. Et voilà que le chien en a mangé une, répondit Ivan.

À peu de temps de là, il advint que la fille du tzar tomba malade ; et le tzar fit savoir dans toutes ses villes et dans tous ses bourgs qu’il récompenserait magnifiquement celui qui la guérirait, et que, s’il était célibataire, il lui donnerait sa fille en mariage.

Cette proclamation fut aussi connue au village d’Ivan.

Les parents d’Ivan l’appelèrent et lui dirent :

— As-tu appris ce que le tzar a fait annoncer ? Tu dis que tu as une racine : va donc guérir la fille du tzar, tu seras heureux pour le reste de tes jours.

— Soit, dit-il.

Ivan fit ses préparatifs de départ, s’habilla. En sortant sur le perron, il vit une mendiante estropiée d’un bras.

— J’ai ouï dire que tu guéris ; guéris-moi le bras, car je ne puis m’habiller toute seule.

— Soit.

Ivan sortit sa racine, la donna à la mendiante et lui dit de l’avaler. La mendiante l’avala et fut guérie. Elle put se servir de son bras. Les parents d’Ivan vinrent lui faire leurs adieux. Mais en apprenant qu’il avait donné sa dernière racine et qu’il n’avait plus de quoi guérir la fille du tzar, ils lui firent des reproches :

— Une mendiante ! c’est d’une mendiante que