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Ivan secoua négativement la tête :

— Je ne t’en ferai pas comme ça, sans raison.

— Pourquoi ? tu me l’as promis !

— C’est vrai, dit-il, mais je ne t’en ferai plus.

— Et pourquoi donc, imbécile, ne m’en feras-tu plus ?

— Parce que tes soldats ont tué un homme. Comme je labourais près de la route, j’ai vu une femme qui suivait un cercueil en pleurant. Je lui ai demandé : « Qui donc est mort ? » Elle m’a répondu : « C’est mon mari. Les soldats de Simon l’ont tué à la guerre. » Moi, je pensais que les soldats allaient faire des chansons, et voilà qu’ils ont tué un homme. Je ne t’en donnerai plus.

Il s’obstina et ne voulut plus faire de soldats. Alors Tarass le Ventru demanda à Ivan l’Imbécile de lui faire encore de l’or.

Ivan hocha négativement la tête :

— Je ne t’en ferai plus comme ça, sans raison.

— Comment ? Tu me l’as promis ?

— C’est vrai, dit-il, mais je ne t’en ferai plus.

— Et pourquoi donc, imbécile, ne m’en feras-tu plus ?

— Parce que tes pièces d’or ont pris la vache de Mikhaïlovna.

— Comment, pris ?

— Oui, pris ! Mikhaïlovna avait une vache ; ses enfants buvaient du lait. Mais un de ces derniers jours, les enfants sont venus me demander du lait.