Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le père ne voulait point davantage lui donner la part qu’il réclamait :

— Tu ne nous as rien rapporté, lui dit-il, tout ce qu’il y a dans la maison, c’est Ivan qui l’a gagné. On ne peut pas le léser, et la fille non plus.

Tarass dit alors :

— De quoi a-t-il besoin, cet imbécile ? Il ne pourra se marier ; personne ne voudra de lui. Et une fille muette n’a non plus besoin de rien… Ivan, ajouta-t-il, donne-moi la moitié du blé ; je ne demande rien des araires, et de tout le bétail je ne veux que le cheval gris : il ne te sert pas au labour.

Ivan se mit à rire et dit :

— Soit ! Je te le donnerai.

Et Tarass eut aussi sa part. Il emporta le blé à la ville, emmena l’étalon gris ; et Ivan, n’ayant plus qu’une vieille jument, labourait la terre et nourrissait ses père et mère.