Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La femme s’approcha du lit et prit l’enfant. Avdieitch se leva, se dirigea vers le mur, chercha et apporta une houppelande.

— Prends, dit-il ; c’est mauvais, mais cela te garantira toujours.

L’étrangère regarda le vêtement, regarda le vieillard, prit la houppelande, et fondit en larmes. Avdieitch se détourna ; puis il alla vers son lit, retira un petit coffre, l’ouvrit, chercha, et vint se rasseoir en face de la femme.

— Que le Christ te sauve, grand-père ! dit la femme. C’est Lui sans doute qui m’a conduite devant ta fenêtre. Sans cela l’enfant aurait gelé. Quand je me suis mise en route, il faisait chaud, et maintenant quel froid ! Comme il t’a bien inspiré, notre Sauveur, en te faisant regarder par la fenêtre et t’apitoyer sur moi !

Avdieitch sourit.

— C’est Lui, en effet, qui m’a inspiré cette idée, dit-il. Ce n’était point par hasard que je regardais par la fenêtre.

Et Martin raconta son rêve à la femme ; comment il avait entendu une voix, et comment le Seigneur lui avait promis de venir chez lui ce jour même.

— Tout peut arriver, fit la femme. Elle se leva, prit le vêtement, enveloppa l’enfant, salua et remercia Avdieitch.

— Prends, au nom du Christ, dit-il en lui glis-