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dont il voulait attendre le retour de l’armée, tantôt une nouvelle izba qu’il était en train de construire.

Un jour de fête, les deux vieillards se rencontrèrent. Ils s’assirent sur des poutres :

— Eh bien ! commença Elisée, à quand l’accomplissement de notre vœu ?

Efim fit la grimace.

— Mais il faut attendre encore un peu : cette année j’ai justement beaucoup à faire. Je viens de commencer la construction de cette izba. Je comptais y mettre une centaine de roubles, et voilà déjà la troisième centaine d’entamée. Et je n’ai pas fini ! Remettons la chose à l’été ; vers l’été, si Dieu le permet, nous partirons sans faute.

— À mon avis, il n’est pas bon de différer davantage, répondit Elisée. Il faut y aller maintenant. C’est le bon moment ; voici le printemps.

— Oui, sans doute, c’est le moment, mais comment abandonner une entreprise commencée ?

— N’as-tu donc personne ? Ton fils te remplacera.

— Et comment cela marchera-t-il ? Je n’ai pas trop de confiance en mon aîné : je suis sûr qu’il gâtera tout.

— Nous mourrons, mon cher, et ils devront vivre sans nous. Il faut bien que tes fils se tirent d’affaire.

— Oui ; c’est vrai. Mais je voudrais avoir l’œil à tout.