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— Et que fait-il ?

— Il est le seul qui ne dise rien. Il est étrange. Je l’ai regardé avec surprise, Michel Séménovitch.

— Et pourquoi ?

— Tous les paysans s’étonnent de sa conduite.

— Mais que fait-il donc ?

— C’est une chose tout à fait extraordinaire. Quand je me suis approché de lui, il travaillait sur une déciatine en talus près de Tourkino. J’arrive vers lui, et je l’entends chanter d’une voix si douce, si agréable… et sur la charrue quelque chose brille…

— Eh bien ?

— C’est comme un petit feu. Je le rejoins et je vois un cierge de cinq kopeks fiché dans la charrue. Le cierge brûle et le vent ne l’éteint pas. Devant moi il a secoué, changé de soc, et le cierge ne s’est pas éteint.

— Et qu’a-t-il dit ?

— Rien. Quand il m’a vu, il m’a souhaité la fête et s’est remis à chanter.

— Lui as-tu causé ?

— Non. Des paysans se sont approchés alors, et ont ri. « Ah !… ah !… disaient-ils, Mikheev ne pourra jamais assez prier pour que son travail de la semaine de Pâques lui soit pardonné. »

— Et qu’a-t-il répondu ?

— Une seule chose : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. » Il s’est remis à la