les chevaux sortis pour la nuit, on dut tout abandonner : le bétail fut brûlé vif ; les poules flambèrent dans leur poulailler ; les charrettes, les charrues, les herses, les coffres des femmes, le blé sous les hangars, tout fut anéanti. Chez Gavrilo on réussit à sauver le bétail et une partie de l’avoir.
L’incendie dura toute la nuit. Ivan était près de sa cour, regardant et ne sachant que répéter :
— Qu’est-ce donc, frères ? Il n’y avait qu’à retirer la paille et à l’éteindre.
Quand le toit de son izba s’écroula, il entra au plus fort du feu, saisit une poutre embrasée et voulut la retirer. Les femmes l’ayant aperçu l’appelaient à grands cris. Mais il retira sa poutre et revint en chercher une autre. Il chancela et tomba dans le feu. Son fils se jeta à son secours et le retira des flammes. Ivan avait la barbe, les cheveux, les vêtements brûlés, les mains déchirées, mais il ne s’en apercevait pas.
— C’est le chagrin qui le rend fou, disait-on dans la foule.
L’incendie commençait à diminuer d’intensité qu’Ivan était toujours au même endroit, répétant sans cesse :
— Frères, mais qu’est-ce donc ? Il n’y avait qu’à retirer la paille.
Vers le matin l’ancien du village envoya son fils chercher Ivan.
— Oncle Ivan, ton père se meurt et il te demande.