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Et je portai mon attention sur ce qu’on fait au nom de la religion. Je demeurai terrifié, et renonçai presque complètement à l’orthodoxie.

Le second rapport entre l’Église et les questions de la vie c’est la façon dont elle envisage la guerre et la peine de mort.

À cette époque, la Russie était précisément en guerre. Les Russes, au nom de l’amour du Christ, se mirent à tuer leurs frères. Il était impossible de ne pas penser à cela. On ne pouvait point ne pas voir que le meurtre est un mal contraire aux bases les plus fondamentales de toute religion. Et en même temps, dans les églises on priait pour le succès de nos armes ; les docteurs de la foi reconnaissaient ce meurtre comme une œuvre découlant de la religion, et non seulement les meurtres commis à la guerre, mais ceux que l’on commit lors des troubles qui suivirent. Je vis des membres du clergé, des moines, des pèlerins, approuver le meurtre de jeunes gens égarés, abandonnés. Je portai mon attention sur tout ce que faisaient des hommes confessant le christianisme, et je fus horrifié.