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les prières de l’offertoire, etc., par contre presque les deux tiers de tous les offices, restaient pour moi inexplicables, ou je sentais qu’en leur donnant une explication, je mentais, et par là détruisais complètement mon union avec Dieu, en perdant toute possibilité d’arriver à la foi.

J’éprouvais la même impression à la célébration des fêtes principales. Me souvenir du jour du sabbat, c’est-à-dire consacrer un jour à être en rapport avec Dieu, m’était compréhensible. Mais la grande fête de la Résurrection, ce grand événement, dont je ne pouvais me représenter l’authenticité, demeurait pour moi incompréhensible. C’est par ce mot de Résurrection[1] que les Russes désignent le jour férié de chaque semaine ; et ce jour-là était célébré le sacrement de l’Eucharistie qu’il m’était impossible de comprendre. Toutes les autres douze fêtes, excepté Noël, commémoraient des miracles, auxquels je tâchais de ne pas penser pour ne pas les nier : l’Assomption, la Pentecôte, l’Ascension, l’Intercession de la sainte Vierge.

À la célébration de ces fêtes, sentant qu’on attribuait de l’importance à ce qui pour moi n’en avait point, j’inventais des explications qui me tranquillisaient, ou je fermais les yeux pour ne pas voir ce qui me scandalisait.

  1. Le dimanche s’appelle en russe, Résurrection.