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tout ce que confesse l’Église. L’Église, comme réunion de croyants unis par l’amour, et possédant par cela même la vraie science, devint la base de ma foi.

Je me disais que la vérité divine ne pouvait être accessible à un seul homme ; elle ne s’ouvre qu’à la totalité des hommes unis par l’amour. Pour concevoir la vérité, il faut ne pas se désunir ; et pour ne pas se désunir, il faut aimer ceux-là même avec qui l’on est en désaccord, se réconcilier avec eux. La vérité s’ouvrira à l’amour. Si tu ne te soumets pas aux cérémonies de l’Église, tu violes l’amour ; et ce faisant, tu te prives de la possibilité de connaître la vérité. Je ne voyais pas alors le sophisme que renferme ce raisonnement. Je ne voyais pas alors que l’union dans l’amour peut donner l’amour le plus grand, non pas la vérité divine exprimée par des mots exacts dans le symbole de Nicée. Je ne voyais pas que l’amour ne peut aucunement rendre une certaine expression de la vérité obligatoire pour l’union dans l’amour.

Alors, je ne voyais pas le défaut de ce raisonnement, et, grâce à cela, il me fut possible d’accepter et d’exécuter tous les rites de l’Église orthodoxe, sans en comprendre la plus grande partie. Je tâchais alors de toutes mes forces d’éviter tout raisonnement contradictoire, et j’essayais d’expliquer, aussi raisonnablement que possible, ces principes de l’Église, devant lesquels je me trouvais.

En accomplissant les cérémonies de l’Église, je