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XII

La conviction de l’erreur de la science raisonnée m’aida à me délivrer de la tentation des méditations stériles.

La conviction qu’on ne peut connaître la vérité que par la vie me poussa à douter que ma façon de vivre fût bonne. Mais ce qui me sauva, c’est que je parvins à m’échapper de la situation exclusive où je me trouvais, à voir la vie du simple travailleur, et à comprendre que c’était la vraie vie. J’ai compris que si je voulais définir la vie et son sens, je devais vivre non pas la vie d’un parasite, mais la vraie vie ; et, après avoir accepté le sens que lui attribue la vraie humanité, me confondre dans cette vie, la contrôler. À cette même époque, il m’arriva ce qui suit. Durant toute cette année, lorsqu’à chaque instant je me demandais comment en finir : par la corde ou par une balle, pendant tout