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de la fatigue, de l’insouciance et du vin, il s’endormit profondément et tranquillement.

À cinq heures du matin, le grincement de la porte qui s’ouvrait, l’éveilla. Il se dressa brusquement et regarda autour de lui. Kitty n’était pas près de lui, mais, de l’autre côté de la cloison, il y avait de la lumière, et il entendit ses pas.

— Quoi ! Qu’y a-t-il ? Kitty, qu’y a-t-il ? prononça-t-il à demi endormi.

— Rien, répondit-elle, paraissant dans la chambre la bougie à la main. Je me suis sentie un peu mal à l’aise, ajouta-t-elle avec un sourire particulier et charmant.

— Quoi ! Est-ce que cela commence ? demanda-t-il d’un ton quelque peu effrayé. Il faut envoyer chercher le médecin. Et il se mit à s’habiller hâtivement.

— Non, non, fit-elle en souriant et le retenant par la main. Ce n’est sûrement rien ; c’était un simple malaise, c’est déjà passé.

Elle s’approcha du lit, éteignit la bougie, se recoucha et se tint tranquille. Lévine était inquiet du silence de sa respiration qu’elle semblait retenir, et surtout de son expression particulièrement tendre, et de l’excitation avec laquelle en se montrant dans la chambre elle lui avait dit : « rien » ; néanmoins, il avait un tel sommeil, qu’il se rendormit aussitôt.

Ce ne fut qu’après qu’il se rappela la douceur de