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pable mais alcoolique. Il a bu jusqu’au delirium tremens et la famille est restée sans rien. Elle leur est venue en aide et s’y est tellement intéressée qu’elle a fini par prendre toute la famille à sa charge. Mais elle ne fait pas cela d’une façon hautaine… par l’argent… Elle prépare elle-même les garçons pour qu’ils entrent dans une école russe, et elle a pris la petite fille avec elle… Mais tu la verras. La voiture entra dans la cour. Stépan Arkadiévitch sonna très fort près du perron devant lequel attendait un traîneau.

Sans demander au domestique qui vint ouvrir si madame était chez elle, Stépan Arkadiévitch entra dans le vestibule. Lévine le suivait se demandant de plus en plus s’il agissait bien ou mal. Il s’aperçut dans une glace : il vit qu’il était rouge, mais il était convaincu de n’être pas ivre, et il monta l’escalier couvert d’un tapis, derrière Stépan Arkadiévitch. En haut, celui-ci demanda au valet qui était chez Anna Arkadievna. Le valet répondit que c’était M. Vorkouiev.

— Où sont-ils ?

— Dans le cabinet de travail.

Ils traversèrent la petite salle à manger aux murs sombres, boisés, et entrèrent, marchant sur un tapis moelleux, dans le cabinet, demi-obscur, éclairé par une seule lampe à abat-jour sombre. Une autre lampe à réflecteur brûlait près du mur, éclairant un portrait de femme, auquel Lévine,