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avec le même sourire joyeux, il tendit la main à Lévine.

— Enchanté de vous rencontrer, dit-il. Je vous ai cherché après les élections, mais on m’a dit que vous étiez déjà parti.

— Oui, je suis parti le jour même. Nous causions de votre cheval. Je vous félicite, dit Lévine. C’est un beau trotteur.

— Il me semble que vous avez aussi des chevaux ?

— Non, c’était mon père, mais je m’y connais un peu.

— Où as-tu dîné ? demanda Stépan Arkadiévitch.

— À la deuxième table, derrière la colonne.

— On l’a fêté, dit le colonel. Le second prix impérial ! Si j’étais aussi heureux aux cartes que lui avec ses chevaux !

— Eh bien, ne perdons pas de temps. Je vais dans l’enfer, dit le colonel, et il s’éloigna.

— C’est Iachvine, répondit Vronskï à Tourovtzine ; et il s’assit près d’eux à une table devenue libre.

Il but une coupe de champagne qu’on lui offrit et en demanda une bouteille. Était-ce l’influence du cercle ou du vin, mais Lévine se mit à causer avec Vronskï de l’élevage du cheval, et il se sentit tout heureux de ne plus éprouver d’hostilité envers cet homme. Il lui glissa même qu’il savait par sa femme qu’elle l’avait rencontré chez la princesse Marie Borissovna.

— Marie Borissovna, c’est une femme exquise !