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— Qu’ils soient meilleurs que moi, c’est tout ce que je désire. Vous ne savez pas toute la peine qu’on a avec des enfants comme les miens, gâtés par cette vie à l’étranger.

— Oh ! vous rattraperez tout cela. Ce sont des enfants si capables ! Le principal, c’est l’éducation morale. Voilà ce que j’apprends en regardant vos enfants.

— Vous dites l’éducation morale. On ne peut s’imaginer comme c’est difficile ! Aussitôt que vous avez vaincu une difficulté, il en paraît de nouvelles. Sans l’appui de la religion, — vous vous souvenez, nous en avons causé, — aucun père ne peut mener à bien l’éducation de ses enfants.

Cette conversation qui intéressait toujours Lévine fut interrompue par la belle Natalie Alexandrovna qui rentra tout habillée, prête à sortir.

— Ah ! je ne savais pas que vous étiez ici, dit-elle ; et contente de mettre fin à une conversation souvent reprise, et qui l’ennuyait, elle demanda :

— Et que fait Kitty ? Je dîne chez vous aujourd’hui. Voilà, Arsène, dit-elle à son mari, tu prendras la voiture…

Et le mari et la femme commencèrent à décider de l’emploi de leur journée. Le mari avait besoin de voir quelqu’un pour son service ; la femme devait aller au concert et à la réunion du Comité, il fallait donc discuter assez longuement pour tout arranger. Lévine, comme membre de la famille,