Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lvov, en pijama fermé par une ceinture, en chaussures de peau de daim, un lorgnon bleu sur le nez, était assis dans son fauteuil et lisait un livre posé sur le bureau. Sa belle main tenait avec précaution un cigare à moitié fumé où tenait encore la cendre. Son beau visage fin, encore jeune, auquel des cheveux bouclés, brillants, argentés, donnaient plus de distinction encore, s’éclaira d’un sourire à la vue de Lévine.

— C’est très bien d’être venu ! Je voulais envoyer chez vous. Eh bien ! comment va Kitty ? Asseyez-vous, c’est plus commode…

Il se leva et avança le rocking-chair.

— Avez-vous lu la dernière circulaire dans le Journal de Saint-Pétersbourg ? Je trouve que c’est très bien, dit-il, avec un léger accent français.

Lévine raconta ce qu’il avait entendu dire à Katavassov sur l’opinion à Pétersbourg, puis il parla de sa connaissance avec Métrov et de la séance. Lvov était très intéressé de tout cela.

— Voilà ! Je vous envie d’avoir vos entrées dans cet intéressant monde des savants, dit-il, et aussitôt, par habitude, il continua en français, ce qui était plus commode pour lui :

— C’est vrai que je n’ai pas le temps. Mon service et l’éducation des enfants m’absorbent, et enfin, je n’ai pas honte à l’avouer, mon instruction est trop insuffisante.

— Je ne le crois pas, dit Lévine avec un sourire,