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XIX

En sortant de la chambre, quand il se retrouva seul, de nouveau Lévine se rappela la pensée qui, lui semblait-il, renfermait quelque chose de vague.

Au lieu d’aller au salon, d’où arrivaient des voix, il s’arrêta sur la terrasse et, accoudé à la rampe, regarda le ciel. Au midi, où il regardait, il faisait tout à fait sombre et il n’y avait pas de nuages. Ils étaient du côté opposé. Des éclairs brillaient et on entendait le grondement lointain du tonnerre.

Lévine écoutait la chute des gouttes d’eau qui tombaient des tilleuls du jardin à intervalles réguliers et regardait le triangle d’étoiles qu’il connaissait, et la voie lactée, branchue, qui le traversait. À chaque éclair, non seulement la voie lactée, mais les étoiles, disparaissaient momentanément pour reparaître aux mêmes endroits, comme jetées par une main habile.

« Qu’est-ce qui m’arrête ? » dit Lévine sentant