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la gouttière. Les enfants, et derrière eux les grandes personnes, en causant gaîment, allèrent se mettre à l’abri sous l’avant-toit.

— Où est Catherine Alexandrovna ? demanda Lévine à Agafia Mikhaïlovna qu’il rencontra dans l’antichambre, comme elle partait au-devant d’eux avec un plaid et des châles.

— Nous pensions qu’elle était avec vous, répondit-elle.

— Et Mitia ?

— Probablement à Kolok, et la bonne est avec eux.

Lévine saisit le plaid et courut à Kolok. Pendant ce court espace de temps, les nuages avaient déjà recouvert le soleil et il faisait sombre comme pendant une éclipse. Le vent semblait y mettre de l’acharnement, arrêtant Lévine, arrachant les inflorescences et les feuilles des tilleuls et dénudant les branches claires des bouleaux qu’il inclinait d’un seul côté. Des femmes poussaient des cris aigus, traversaient le jardin et couraient s’abriter sous l’auvent du pavillon des domestiques. Au loin, le voile blanc de l’averse couvrait déjà la forêt et la moitié des champs et s’avançait rapidement vers Kolok. L’air était imprégné de l’odeur de la pluie qui s’écrasait en petites gouttes.

La tête penchée en avant, luttant contre le vent qui accrochait son plaid, Lévine s’approchait en courant vers Kolok. Déjà il apercevait quelque