Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les conditions naturelles de l’ouvrier vis-à-vis de la terre, commença Katavassov. Je ne suis pas très compétent, mais ce qui m’a plu beaucoup, comme naturaliste, c’est qu’il n’envisage pas l’humanité comme quelque chose en dehors des lois zoologiques ; au contraire, il voit sa dépendance du milieu et, dans cette dépendance, il cherche les lois du développement.

— C’est très intéressant, fit Métrov.

— J’avais commencé un ouvrage sur l’agriculture, intervint Lévine, mais, malgré moi, en m’occupant de l’arme principale de l’agriculture, de l’ouvrier, je suis arrivé à un résultat tout à fait imprévu.

Et, prudemment, comme s’il tâtait le terrain, Lévine se mit à exprimer son opinion.

Il savait que Métrov avait écrit un article contre la doctrine économique généralement admise, mais jusqu’à quel point pouvait-il espérer trouver en lui l’approbation de ses opinions, cela il l’ignorait et ne pouvait le deviner au visage intelligent mais calme du savant.

— En quoi voyez-vous les qualités particulières de l’ouvrier russe ? demanda Métrov. Dans ses qualités zoologiques, si l’on peut s’exprimer ainsi, ou dans les conditions de sa situation ?

Lévine entrevit dans cette question une idée sur laquelle il n’était pas d’accord ; mais il continua à développer sa pensée ; pour lui, l’ouvrier russe