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Mais l’expression froide et gênée du visage de Katavassov soudain le frappa, il eut tellement pitié de son humeur, qu’évidemment ses paroles troublaient, que, se rappelant ses intentions, il s’arrêta.

— D’ailleurs nous causerons après, ajouta-t-il. Si vous voulez aller au rucher, par ici, par ce sentier, dit-il s’adressant à tous.

Arrivés par un sentier étroit jusqu’à une clairière non fauchée couverte d’un côté d’herbe claire parmi laquelle poussait, de ci, de là, un buisson d’aubépine, Lévine fit asseoir ses hôtes dans l’ombre épaisse et fraîche des jeunes arbustes, sur un banc installé pour les visiteurs qui avaient peur des abeilles, et lui-même partit chercher, pour les enfants et pour les grandes personnes, du pain, des concombres et du miel frais.

En tâchant de faire le moins possible de mouvements brusques, et écartant les abeilles qui volaient devant lui de plus en plus fréquemment, il arriva par le sentier jusqu’à l’izba. À l’entrée même une abeille bourdonnante s’empêtra dans sa barbe, avec précaution il l’en délivra.

Dans le vestibule sombre il prit le long du mur son masque accroché à un clou, le mit, et, les mains dans les poches, il pénétra dans l’enclos où, en rangées régulières, se trouvaient toutes les vieilles ruches qu’il connaissait si bien, chacune avec son histoire, et à côté, des nouvelles, installées seulement