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XI

Le jour de l’arrivée de Serge Ivanovitch à Pokrovskoié, Lévine était dans un de ses jours particulièrement tourmentés.

C’était l’époque où il y avait le plus à faire, quand chez tous les travailleurs, chez tout le peuple, se manifeste une suractivité qui ne se présente dans aucune autre condition de la vie et qui serait hautement appréciée si les hommes qui tendent ainsi leurs forces, l’appréciaient eux-mêmes, si elle ne se renouvelait pas chaque année et si les conséquences n’en étaient pas si simples. Faucher et couper le blé et le seigle, faire les semailles d’automne, paraît simple et ordinaire, mais pour le faire, il faut que du plus vieux au plus jeune, tous les gens de la campagne, pendant trois ou quatre semaines, travaillent sans répit, trois fois plus que de coutume, en se nourrissant de kvass, d’ail et de pain noir ; il faut battre le blé et transporter les gerbes