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Il s’adonnait à ces occupations non qu’il les justifiât comme autrefois par des considérations générales ; au contraire, maintenant, désenchanté d’un côté, par l’insuccès de ses anciennes entreprises en vue de l’utilité générale, trop absorbé de l’autre par ses idées et le grand nombre des obligations qui l’accablaient de toutes parts, il avait abandonné complètement ses considérations sur l’utilité générale et il s’adonnait à toutes ces occupations uniquement parce qu’il ne pouvait faire autrement.

Autrefois (cela avait commencé presque dans l’enfance et avait augmenté sans cesse jusqu’à l’âge mûr), quand il essayait de faire quelque chose qui fût un bien pour tous, pour l’humanité, pour la Russie, pour tout le village, il remarquait que la pensée lui en était agréable, mais que l’acte même était toujours bizarre. Il n’avait jamais la certitude que l’acte fût vraiment nécessaire, et son utilité qui lui apparaissait d’abord si grande, diminuait peu à peu et se réduisait à zéro.

Depuis son mariage, il vivait d’une façon beaucoup plus égoïste, et s’il n’éprouvait plus aucune joie à la pensée de son activité, par contre il la sentait nécessaire, il constatait que tout allait bien mieux et devenait de plus en plus parfait.

Maintenant, malgré lui, il s’attachait de plus en plus à la terre, comme la herse, de sorte qu’il ne pouvait en sortir sans renverser la terre. Pour la