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la substance, tombant dans ce piège des mots que lui posaient les philosophes ou qu’il se posait lui-même, il commençait à comprendre quelque chose. Mais il suffisait d’oublier la marche artificielle de la pensée et, de la vie, retourner à ce qui le satisfaisait quand il suivait une certaine pensée, pour que soudain toute cette construction artificielle s’écroulât comme un château de cartes ; il apparaissait clairement que tout n’était basé que sur des mots entremêlés, sans lien avec ce quelque chose de plus important dans la vie que la raison.

Un moment, en lisant Schopenhauer, il remplaça son mot la volonté par l’amour, et cette nouvelle philosophie, pour deux jours, tant qu’il ne s’en écartait pas, le consola. Mais elle croula aussi quand il la regarda de la vie. C’était aussi un vêtement de mousseline qui ne réchauffait pas.

Serge Ivanovitch lui avait conseillé de lire les œuvres théologiques de Komiakov. Lévine lut le deuxième volume de ces œuvres. Malgré l’élégance et l’esprit du ton polémiste, qui d’abord le repoussa, il fut frappé de l’exposé de la doctrine du Christ. Ce fut d’abord l’idée que la compréhension des vérités divines n’est pas donnée à l’homme mais à la réunion des hommes unis par l’amour, à l’Église, qui le frappa. Il se réjouissait à la pensée qu’il était plus facile de croire en l’Église existante, qui embrasse toutes les croyances des hommes, qui a Dieu à sa tête, et qui, par cela, est sainte et infaillible, et