Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trop ; et il réfléchit trop à cause de son isolement. Toujours seul, seul. Avec nous il ne peut causer de tout. Je crois que ces hôtes lui seront agréables, surtout Katavassov. Il aime à discuter avec lui ». Aussitôt elle se demanda ce qui serait le mieux : de faire coucher Katavassov et Serge Ivanovitch dans la même chambre ou séparément. Et soudain, il lui vint en tête une idée qui la fit trembler d’émotion, Mitia en fut même dérangé et de ce fait la regarda sévèrement ; « Je crois que la blanchisseuse n’a pas rapporté le linge et il n’y a plus de linge de lit. Si je n’y veille pas, Agafia Mikhaïlovna donnera à Serge Ivanovitch des draps qui ont servi. » À cette seule pensée, le sang monta au visage de Kitty.

« Oui, je donnerai des ordres », décida-t-elle ; puis revenant à ses premières pensées, elle se rappela qu’elle n’avait pas achevé quelque chose et se mit à chercher quoi. « Oui… Kostia incrédule », se rappela-t-elle avec un sourire… « Eh bien, incrédule ! Mieux vaut qu’il soit tel que comme madame Sthal, ou telle que je voulais être à l’étranger. Non, du moins il ne mentira pas. »

Soudain elle se remémora un trait récent de sa bonté. Deux semaines auparavant, ils avaient reçu de Stépan Arkadiévitch une lettre repentante adressée à Dolly. Il l’implorait de lui sauver l’honneur, de vendre sa propriété pour liquider leurs dettes. Dolly était au désespoir ; elle haïssait son mari, le