Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Peut-être n’aviez-vous pas le désir de me rencontrer, dit Serge Ivanovitch, mais, ne puis-je pas vous être utile ?

— Il n’y a personne dont la rencontre puisse m’être moins désagréable que la vôtre, dit Vronskï… Excusez-moi, dans la vie il n’y a rien de vraiment agréable.

— Je comprends, et j’ai voulu vous proposer mes services, dit Serge Ivanovitch en examinant le visage souffrant de Vronskï. N’avez-vous pas besoin d’une lettre d’introduction pour Ristitch ou pour Milan ?

— Oh non, répondit Vronskï, comme s’il comprenait avec effort. Si cela ne vous fait rien, marchons ensemble. Dans le wagon, on étouffe… Une lettre ? Non, je vous remercie. Pour mourir on n’a pas besoin de recommandations, avec les Turcs, du moins, dit-il en souriant des lèvres tandis que ses yeux gardaient leur expression sévère et douloureuse.

— Oui. Cependant il vous serait peut-être plus facile d’entrer en des relations, — qui sont néanmoins nécessaires — avec un homme averti. D’ailleurs comme il vous plaira. J’ai été heureux en apprenant votre décision. On en a tellement dit sur les volontaires qu’un homme comme vous les relève dans l’estime publique.

— Comme homme, dit Vronskï, je suis bon parce que la vie n’a pas de valeur pour moi. Quant à