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tantôt de côté, comme s’il suivait quelque chose. Apercevant une dame qui circulait avec une aumônière, il l’appela et lui remit un billet de cinq roubles.

— Je ne puis rester indifférent à ces troncs, tant que j’ai de l’argent sur moi, dit-il. Et que dites-vous du télégramme d’aujourd’hui ? Les braves Monténégrins !

— Que dites-vous ! s’exclama-t-il apprenant par la princesse que Vronskï partait avec ce train. Pour une seconde le visage de Stépan Arkadiévitch exprima la tristesse ; mais aussitôt, d’un pas mal assuré et écartant ses favoris, Stépan Arkadiévitch rentra dans la salle où était Vronskï, et, oubliant ses sanglots désespérés sur le cadavre de sa sœur, il ne vit plus en Vronskï que le héros et le vieux camarade.

— Malgré tous ses défauts, on ne peut lui en vouloir, dit la princesse à Serge Ivanovitch dès qu’Oblonskï se fut éloigné d’eux. Voilà précisément un caractère vraiment russe, slave, seulement je crains qu’il soit désagréable à Vronskï de le voir. Vous avez beau dire, le sort de cet homme me touche. Vous causerez avec lui en route.

— Oui, peut-être, si j’en ai l’occasion.

— Je ne l’ai jamais aimé, mais cela rachète beaucoup. Non seulement il part, mais il conduit à son compte un escadron.

— Oui, j’ai entendu dire…