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En pénétrant avec la foule dans la salle d’attente des premières classes, elle se rappela peu à peu tous les détails de sa situation et les solutions entre lesquelles elle hésitait. Et de nouveau, tantôt l’espoir, tantôt le désespoir, torturèrent son cœur angoissé qui battait désordonnément. Assise sur le divan en étoile, en attendant le train, elle regardait avec dégoût ceux qui entraient et sortaient, elle s’imaginait comment elle arriverait à la gare, lui écrirait un billet, et réfléchissait à ce qu’elle lui écrirait. Tantôt elle se le représentait se plaignant à sa mère (sans comprendre ses souffrances) de sa situation ; ou elle s’imaginait comment elle entrerait dans la chambre et ce qu’elle lui dirait. Tantôt elle pensait que la vie pourrait encore être heureuse, elle sentait avec quelles souffrances elle l’aimait et le haïssait et combien son cœur battait précipitamment.