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ceaux ; cela t’intéressera beaucoup. À ta place, j’irais.

— Eh bien, en tout cas je rentrerai à la maison avant le dîner, dit-il en regardant sa montre.

— Mets donc ta redingote pour aller directement chez la princesse Bole.

— Est-ce vraiment nécessaire ?

— Indispensable. Qu’est-ce que cela te fait ? Tu iras, tu resteras cinq minutes, tu parleras du beau temps, tu te lèveras et tu partiras.

Kitty se mit à rire.

— Tu leur faisais bien visite quand tu étais célibataire, ajouta-t-elle.

— Oui, mais je me sentais toujours mal à l’aise, et maintenant, je suis si déshabitué que j’aimerais mieux, je te le jure, rester deux jours sans dîner que de faire cette visite. Il me semble tout le temps qu’ils seront mécontents et se diront : « Pourquoi est-il venu ? il n’a rien à faire ici. »

— Non, ils ne s’offenseront pas, je m’en porte garante, dit Kitty en riant et le regardant en face. Et lui prenant la main :

— Eh bien, au revoir.

Il allait partir après avoir mis un baiser sur sa main ; mais Kitty l’arrêta :

— Kostia, tu sais, il ne me reste plus que cinquante roubles.

— Bien, je passerai à la banque. Combien ? fit-il avec une expression de mécontentement qu’elle connaissait bien.