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lait leurs conversations. Elle savait que cela l’ennuyait. Que lui restait-il donc à faire ? Continuer d’écrire son livre ? Il l’avait essayé. Au commencement, il allait à la bibliothèque prendre des notes et des renseignements pour son livre, mais, comme il lui disait, moins il avait à faire moins il avait de temps. En outre, il se plaignait d’avoir trop parlé à Moscou de son ouvrage, ce qui avait embrouillé ses idées et lui avait enlevé tout l’intérêt de son travail.

Le seul avantage de la vie en ville c’était qu’entre eux ils ne se querellaient jamais. Soit que les conditions de la ville fussent autres, soit que tous deux se montrassent plus circonspects, il n’y avait entre eux, à Moscou, aucune de ces querelles de jalousie qu’ils avaient tant redoutées en venant s’installer en ville.

Sous ce rapport il se produisit un incident très important pour tous deux : la rencontre de Kitty avec Vronskï.

La vieille princesse Marie Borissovna, marraine de Kitty, qui l’avait toujours chérie, désirait vivement la voir.

Kitty, qui cependant n’allait nulle part à cause de sa situation, se rendit avec son père chez cette respectable personne. Elle y rencontra Vronskï.

Elle n’eut à se reprocher qu’un instant : quand elle reconnut, en ce civil, celui dont les traits lui étaient autrefois si familiers, la respiration lui