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Pour se sauver, il suffit d’avoir la foi… et les moines ne savent ce qu’il faut faire pour cela, c’est la comtesse Lydie Ivanovna qui le sait… Pourquoi cette lourdeur dans ma tête ? Est-ce le cognac, ou ces propos étranges ?… Il me semble tout de même que, jusqu’à présent, je n’ai fait aucune gaffe… mais cependant, je ne peux rien demander… On dit qu’il force à prier… Si on me forçait ?… Non, ce serait trop bête… Quelle sottise elle lit ! mais elle prononce bien… Landau est Bezoubov… Mais pourquoi est-il Bezoubov ? »

Tout à coup Stépan Arkadiévitch sentit que sa mâchoire inférieure s’ouvrait irrésistiblement dans un bâillement. Il arrangea ses favoris pour le dissimuler et se secoua, mais après cela il se sentit tomber de sommeil et prêt à ronfler. Il s’éveilla comme la voix de la comtesse Lydie Ivanovna prononçait : « Il dort. »

Stépan Arkadiévitch s’éveilla effrayé, se sentant coupable et pris en faute. Mais aussitôt il se consola se rendant compte que ces mots ne se rapportaient pas à lui mais à Landau. Le Français s’était endormi comme Stépan Arkadiévitch. Le sommeil de Stépan Arkadiévitch les eût offensés, il le pensait, (ou plutôt il ne pensait pas tellement tout cela lui paraissait étrange), tandis que celui de Landau les remplissait de joie, surtout la comtesse Lydie Ivanovna.

— Mon ami, dit doucement Lydie Ivanovna, re-