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Landau se leva et s’approcha d’eux.

— Me permettez-vous d’écouter ? demanda-t-il.

— Certainement. Je ne voulais pas vous déranger, approchez-vous, lui dit Lydie Ivanovna, le regardant tendrement.

— Il faut seulement ne pas fermer les yeux pour ne pas perdre la lumière, continua Alexis Alexandrovitch.

— Ah ! si vous connaissiez le bonheur que nous éprouvons en sentant Sa présence perpétuelle en notre âme ! dit la comtesse Lydie Ivanovna en souriant béatement.

— Mais il peut arriver que l’homme se sente incapable de s’élever à cette hauteur, objecta Stépan Arkadiévitch, conscient de sa fausseté en admirant la hauteur religieuse, mais en même temps ne se décidant pas à avouer ses idées de libre-penseur devant une personne qui, d’un mot à Pomorskï, pourrait lui faire obtenir la place convoitée.

— Vous voulez dire que le péché l’en empêche ? dit Lydie Ivanovna. C’est une opinion fausse. Il n’y a pas de péché pour le croyant ; le péché est déjà racheté. Pardon, ajouta-t-elle en regardant le domestique qui entrait de nouveau avec un billet.

Elle le lut et répondit verbalement : « Dites demain, chez la grande-duchesse. »

— Pour un croyant, le péché n’existe pas, continua-t-elle.

— Oui, mais la foi sans les actes est morte, dit