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et, s’excusant, elle écrivit aussitôt une réponse, puis revint à sa place.

— J’ai remarqué, continua-t-elle, que les Moscovites, les hommes surtout, sont très indifférents en matière de religion.

— Oh ! non, comtesse, il me semble que les Moscovites ont la réputation d’être les plus croyants, répondit Stépan Arkadiévitch.

— Malheureusement, je crois que vous êtes du nombre des indifférents, lui dit Alexis Alexandrovitch avec un faible sourire.

— Comment peut-on être indifférent ! prononça Lydie Ivanovna.

— C’est-à-dire que je ne suis pas indifférent, je suis en attente, dit Stépan Arkadiévitch avec son plus doux sourire ; je ne crois pas que pour moi le moment de ces questions soit venu.

Alexis Alexandrovitch et Lydie Ivanovna échangèrent un regard.

— Nous ne pouvons jamais savoir si le moment est venu ou non, dit rêveusement Alexis Alexandrovitch ; nous ne devons pas nous demander si nous sommes prêts ou non. C’est un bonheur de ne pas se laisser guider par les considérations humaines. Ce bonheur parfois descend non sur ceux qui travaillent mais sur ceux qui, comme Saül, ne sont pas prêts.

— Ce n’est pas encore, dit Lydie Ivanovna, qui suivait les mouvements du Français.