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ne comprenant pas trop de quoi il s’agissait et désirant, à cause de cela, s’en tenir aux généralités.

— Le changement n’est pas dans la situation extérieure, dit sévèrement la comtesse Lydie Ivanovna, suivant en même temps, d’un regard amoureux Alexis Alexandrovitch qui se levait et s’approchait de Landau…, son cœur a changé et j’ai peur que vous n’ayez pas très bien réfléchi au changement qui s’est opéré en lui ?

— C’est-à-dire… en général, je puis m’imaginer ce changement. Nous fûmes toujours très amis… et maintenant…, prononça Stépan Arkadiévitch, répondant par un regard tendre au regard de la comtesse et calculant avec lequel des deux ministres elle était le plus liée afin de savoir pour lequel demander son appui… Le changement qui s’est opéré en lui ne peut affaiblir ses sentiments d’amour du prochain. Au contraire, ce changement doit augmenter l’amour…

— Je crains que vous ne me compreniez pas. Ne voulez-vous pas du thé ? demanda-t-elle en désignant des yeux le valet qui apportait le thé sur un plateau.

— Pas tout à fait, comtesse… Sans doute son malheur…

— Oui, le malheur… qui est devenu le suprême bonheur quand le cœur s’est retrempé, dit-elle en regardant tendrement Stépan Arkadiévitch.