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Sa femme ? Aujourd’hui, à l’instant, il avait causé avec le prince Tchetchenski. Celui-ci avait une femme, de grands fils qui étaient pages, et une autre famille, illégitime, dans laquelle il avait aussi des enfants.

Bien que la première famille fût charmante, il se sentait plus heureux dans la deuxième famille où il conduisait son fils aîné, racontant à Stépan Arkadiévitch qu’il trouvait cela utile pour le développement de son fils. Qu’aurait-on dit de cela à Moscou ?

Les enfants ? À Pétersbourg les enfants n’empêchaient pas le père de vivre. Ils étaient élevés dans des établissements scolaires et il n’existait pas à Pétersbourg cette opinion étrange répandue à Moscou — exemple Lvov — qu’aux enfants reviennent toutes les douceurs de la vie et aux parents le travail et les soucis.

Ici on comprenait que l’homme doit vivre pour lui de la vie d’un homme intelligent.

Le service ? Le service aussi, n’était pas à Pétersbourg ce fardeau qu’on traîne sans cesse derrière soi. Là il y avait quelque intérêt dans le service. Le hasard d’une rencontre, un service rendu, un bon mot, une plaisanterie à propos, et voilà une jolie carrière, comme celle, par exemple, de Briantzev, que Stépan Arkadiévitch avait rencontré la veille et qui était maintenant l’homme le plus en vue.

Stépan Arkadiévitch était surtout calmé et rassé-