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un honnête écrivain, un honnête journal, une honnête institution, et qui signifiait seulement que l’homme ou l’institution n’étaient pas malhonnêtes, et, à l’occasion, pouvaient fronder le gouvernement.

Stépan Arkadiévitch fréquentait, à Moscou, le milieu où ce mot était introduit, et où lui-même était traité en honnête homme. Aussi avait-il à cette place plus de droit qu’un autre.

Cette place rapportait de 7.000 à 10.000 roubles par an, et Oblonskï pouvait l’occuper en gardant sa situation actuelle. Elle dépendait de deux ministères, d’une dame et de deux Juifs. Ces personnes étaient déjà préparées ; cependant Stépan Arkadiévitch avait besoin d’aller les voir à Pétersbourg. En outre, il avait promis à sa sœur d’obtenir de Karénine une réponse définitive à propos du divorce. Stépan Arkadiévitch demanda et obtint de Dolly 50 roubles et partit pour Pétersbourg. Assis dans le cabinet de travail de Karénine, écoutant son projet de rapport sur les causes du mauvais état des finances russes, Stépan Arkadiévitch n’attendait que la fin de ses paroles pour aborder son affaire et celle d’Anna.

— Oui, c’est tout à fait juste, dit-il quand Alexis Alexandrovitch, ôtant son pince-nez, sans lequel il ne pouvait maintenant lire, regarda interrogativement son ancien beau-frère. C’est parfaitement juste dans les détails, toutefois le principe de notre temps, c’est la liberté !…