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— Donnez-le moi ! Donnez-le moi ! dit-elle, même se soulevant un peu.

— Que faites-vous Catherine Alexandrovna ! Il ne faut pas faire de pareils mouvements ! Attendez, je vous le donnerai. Il faut montrer d’abord à papa quel gaillard nous sommes !

Elisabeth Petrovna, d’une seule main souleva vers Lévine cet être étrange, rouge, vacillant, la tête enfoncée dans le maillot. Mais cet être avait aussi un nez, des yeux, des lèvres qui claquaient.

— Un bel enfant ! dit Élisabeth Petrovna.

Lévine soupira avec tristesse. Ce « bel enfant » ne lui inspirait qu’un sentiment de dégoût et de pitié. Ce n’était pas du tout ce qu’il en attendait. Il se détourna pendant qu’Élisabeth Petrovna l’installait au sein de la mère.

Tout à coup, un rire lui fit lever la tête. L’enfant avait pris le sein.

— Eh bien ! assez, assez ! dit Élisabeth Petrovna. Mais Kitty ne le laissa pas et l’enfant s’endormit dans ses bras.

— Regarde maintenant, dit Kitty, tournant vers lui l’enfant. Le petit visage de vieillard de l’enfant se rida tout à coup encore davantage ; et il éternua.

En souriant et retenant à peine des larmes d’attendrissement, Lévine embrassa sa femme et sortit de la chambre sombre.

Ce qu’il éprouvait pour cette petite créature n’était pas du tout ce qu’il attendait. Il n’y avait