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XIII

Mikhaïlov vendit son tableau à Vronskï et même consentit à faire le portrait d’Anna. Il vint au jour indiqué et se mit au travail. Dès la cinquième séance ils furent tous, et particulièrement Vronskï, frappés non seulement par la ressemblance du portrait mais par la particulière compréhension de la beauté du modèle. Vronskï s’étonnait que Mikhaïlov eût pu s’assimiler à ce point cette beauté. « Il fallait la connaître et l’aimer comme moi pour rendre son expression intime », pensait Vronskï, bien qu’en réalité il n’eût saisi cette expression intime que d’après le portrait. Mais cette expression était si vraie que lui et les autres croyaient la connaître depuis longtemps.

— Je travaille depuis si longtemps sans parvenir à rien, disait-il en parlant de son portrait d’Anna,