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mains de ses poches et, s’inclinant, informa le comte que le commissionnaire était venu annoncer que l’intendant du palais, pour lequel on était en pourparlers, consentait à signer le bail.

— Ah ! tant mieux ! fit Vronskï. Madame est-elle à la maison ?

— Madame était sortie, mais elle vient de rentrer, répondit le maître d’hôtel.

Vronskï ôta son chapeau mou à larges bords, essuya avec son mouchoir la sueur de son front et de ses cheveux, qu’il rejetait en arrière pour dissimuler sa calvitie, puis il jeta un regard distrait sur le monsieur qui se tenait encore là et l’examinait. Il allait s’éloigner quand le maître d’hôtel lui dit :

— Ce monsieur est russe et vous a demandé.

Vronskï se retourna, ennuyé à l’idée de ne pouvoir éviter ces rencontres, et content cependant de trouver une distraction quelconque dans la monotonie de sa vie. Son regard rencontra celui de l’étranger, et leurs yeux, à tous deux, s’éclairèrent.

— Golinitchev !

— Vronskï !

C’était en effet Golinitchev, un camarade de Vronskï au corps des pages. Comme il appartenait au parti libéral, il était sorti du corps sans entrer au service, si bien que les camarades s’étaient complètement perdus de vue, et depuis ne s’étaient rencontrés qu’une seule fois.

Lors de cette rencontre Vronskï avait cru com-