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La lettre était d’Anna. Avant même de la lire, il en connaissait le contenu. Supposant que les élections ne dureraient pas plus de cinq jours, il avait promis d’être de retour le vendredi. Or on était au samedi ; la lettre devait être pleine de reproches ; celle qu’il avait expédiée la veille pour expliquer son retard n’était probablement pas arrivée à temps.

Le contenu de la lettre était juste ce qu’il avait pensé, mais sa forme était inattendue et lui fut désagréable. « Annie est très malade. Le docteur craint une inflammation. Seule je perds la tête. La princesse Barbe est plutôt un embarras qu’une aide. Je t’attendais avant-hier soir, et je t’écris pour savoir où tu es et ce que tu fais. Je voulais partir moi-même, mais j’ai pensé que cela te serait désagréable. Donne une réponse quelconque, afin que je sache ce que je dois faire. »

L’enfant est malade et elle a voulu partir ! L’enfant est malade, et ce ton agressif !

Le contraste de la gaieté de cette réunion et de cet amour exigeant auquel il devait retourner, frappa Vronskï. Mais il fallait s’en aller, et la nuit même il partit par le premier train.