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maître de la maison, le souvenir de tout cela faisait naître involontairement en Lévine le respect et la compassion. Maintenant le vieillard lui paraissait touchant et pitoyable et il désirait lui dire quelques mots aimables.

— J’espère que vous resterez notre maréchal, dit-il.

— J’en doute, répondit-il en regardant autour de lui d’un air effrayé. Je suis vieux et fatigué, que de plus jeunes et de plus dignes que moi prennent ma place.

Et le maréchal de la noblesse disparut par une porte latérale.

Le moment le plus solennel était venu. On allait procéder aux élections. Les chefs des deux partis adverses comptaient sur leurs doigts les boules blanches et noires.

La discussion sur le cas de Flérov, non seulement valait au nouveau parti la boule de Flérov, mais lui faisait gagner du temps, si bien qu’on parvint à ramener trois gentilshommes privés, grâce aux intrigues du vieux parti, de la possibilité de prendre part au vote. Deux gentilshommes qui avaient un faible pour le vin, avait été amenés en état d’ivresse par les partisans de Snetkov ; et on avait, au troisième, enlevé son uniforme. Informé de ces faits, le nouveau parti, pendant qu’on discutait le cas de Flérov, envoya quelqu’un des siens chercher un uniforme pour le gentilhomme,