Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/428

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semblait le savoir. Si Lévine eût pu comprendre, comme il comprenait pourquoi on ne peut s’approcher de la caisse de chemin de fer qu’en se mettant en file, il n’aurait éprouvé ni ennui ni dépit ; mais personne ne pouvait lui expliquer pourquoi existaient les obstacles qu’il rencontrait dans son affaire.

Cependant le mariage avait rendu Lévine plus patient, et s’il ne comprenait pas le pourquoi de toute cette organisation, il se disait que ne sachant rien, il ne pouvait pas juger, que ce devait être probablement ainsi, et il tâchait de rester calme.

Il appliquait cette même patience à la question des élections ; il s’attachait à ne pas discuter, mais autant que possible à comprendre une affaire qui passionnait beaucoup d’honnêtes et braves gens qu’il respectait. Depuis qu’il était marié, tant de côtés sérieux de la vie, qu’auparavant il trouvait mesquins et négligeables, s’étaient révélés à lui, qu’il s’efforcait de chercher dans les élections leur côté important.

Serge Ivanovitch ne négligea rien pour lui expliquer le sens et la portée des changements qu’on voulait apporter aux nouvelles élections. Le maréchal de la noblesse de la province, entre les mains de qui, selon la loi, se trouvaient tant d’institutions importantes, comme celle de la tutelle (dont souffrait actuellement Lévine), celle de la banque de la noblesse, de l’enseignement secondaire et primaire,